La famille Marcille
Forte de trois personnalités complémentaires, la collection Marcille est indissociable des membres de la famille Marcille qui chacun contribuèrent à forger son identité.
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François Marcille est né à Orléans le 7 juillet 1790 dans une famille de propriétaires terriens céréaliers de la Beauce. En 1814, il épouse Ermine Juteau avec laquelle il aura deux enfants, Eudoxe né en 1814 et Camille en 1816. François Marcille est d'abord grainetier à Orléans, mais il délaissa progressivement cette profession florissante au profit de sa passion pour l'art. Il s'installe rue de Bourbon (actuelle rue de Lille) à Paris en 1822, non loin du Louvre qu'il fréquente assidûment pour parfaire sa culture picturale et aiguiser sa propre pratique en réalisant de nombreuses copies de maîtres. À Paris, il découvre également la galerie du Père Giraud qui exposait notamment des tableaux d'un artiste oublié du XVIIIe siècle, Jean-Baptise Greuze.
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François Marcille va progressivement développer une grande admiration pour ce peintre, dont il va d'abord copier les toiles avant d'en faire l'acquisition, ce qui constituera les premières pièces d'une collection prenant rapidement de l'ampleur. En effet, peu à peu, cet amour de la peinture va devenir son occupation principale, parcourant les brocantes et les ventes où il ne s'intéresse pas aux noms les plus célèbres, mais plutôt aux artistes qui attirent sa sensibilité. Accompagné de Louis La Caze, amateur féru lui aussi, qui va notamment découvrir le Gilles de Watteau, il découvrira La fuite à dessein de Fragonard. Sans jamais aucune concurrence véritable, les deux amis vont chacun constituer une collection singulière composée d'artistes plus tard reconnus majeurs. Le rythme des acquisitions s'accélère, jusqu'à atteindre le chiffre impressionnant de quarante toiles de Boucher, trente de Chardin, vingt-cinq Fragonard, dix-huit La Tour, quinze Porreneau, et en tout près de 4 500 tableaux de toutes origines et de toutes les époques. En septembre 1856, peu de temps avant sa mort, François Marcille procéda à un tirage au sort pour réaliser le partage de sa collection entre ses deux fils. François Marcille meurt à Paris, le 9 novembre 1856. |
Fils ainé de François et Ermine Marcille, Eudoxe naît à Chartres le 20 avril 1814. Grâce à son père, il bénéficie d'un environnement entièrement consacré aux Beaux-Arts, il va notamment suivre l'enseignement de deux sommités : Eugène Devéria et Charles de Steuben. Il poursuivra ses études au Collège Stanislas à Paris.
Il épouse Louise Erat-Oudet avec laquelle il s'installe au 54, rue d'Hauteville dans l'hôtel particulier de sa belle-famille qui bénéficie notamment d'un atelier-galerie. Moins artiste que ne l'était son père, Eudoxe fait cependant montre d'un même engouement pour les acquisitions d'œuvres d'art. |
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Né le 1er mai 1816 à Chartres, Camille bénéficie du même enseignement artistique que son frère Eudoxe. En 1854, il épouse Cécile Walckenaer, avec laquelle il aura trois enfants. Ensemble, ils s'installent à Oisème, aux abords de Chartres. Il y reçoit notamment les frères Goncourt, Eugène Scribe, et Jean-Baptiste Corot qui y peint une vue des environs aujourd'hui célèbre.
Membre de la société archéologique d’Eure-et-Loire, Camille Marcille devient également membre de la commission des conservateurs du musée de Chartres à partir de 1862, dont il est nommé Président le 21 janvier 1865. Conservateur et collectionneur, Camille Marcille est également artiste, formé auprès des peintres C.Steuben et A.Devéria. |
Tout comme son père, il réalise d'abord de nombreuses copies d'œuvres du XVIIIe siècle, présentes dans sa collection. Certaines sont exposées dans des salons entre 1859 et 1869.
Le 3 août 1875, Camille Marcille s’éteint dans son atelier. Un an après, son importante collection, composée de chefs d’œuvres allant du XVe au XIXe siècle, est mise en vente. La ville de Chartres acquiert quatre œuvres : L’Archange Raphaël de Lesueur, la Sainte Lucie de Fransisco Zubaran, La Délivrance de saint Pierre de Sébastien Bourdon et l’esquisse du tableau représentant le Cours fait par Prévost pour apprendre à peindre les panoramas par Léon Matthieu Cochereau. De nombreux dons au musée viendront ensuite enrichir cette collection. |